Le virus du commerce

A 36 ans, son parcours professionnel est déjà très riche et rien ne la destinait au monde viticole. " J'ai toujours évolué très vite au gré des opportunités qui se présentaient à moi, sans vraiment les chercher ", note Karine de Guillebon, directrice de Cohesis vigne depuis septembre 2010. A 16 ans, son bac en poche, elle s'oriente vers des études généralistes. Cinq ans plus tard, diplômée de l'Edhec de Lille avec une spécialisation en finance d'entreprise, son objectif est de devenir directrice commerciale. " Mais je voulais d'abord travailler sur le terrain. " Elle débute en tant que chef de secteur chez Procter & Gamble en Champagne-Ardenne où elle négocie avec les distributeurs indépendants. Deux ans après, elle entre chez Sagem où elle occupera trois postes en quatre ans : ingénieur commercial, chef des ventes puis responsable des négociations avec les grands comptes à Paris. En 2001, Karine de Guillebon intègre Coca-Cola en tant que chef des ventes puis responsable trade marketing au siège, dans les Hauts-de-Seine, poste qui l'amène à négocier les animations et les promotions avec les centrales d'achats.

Du coca au champagne

En 2004, elle souhaite revenir à Reims et se poser un peu, notamment pour fonder une famille. " Après avoir travaillé dans trois grands groupes, je voulais m'orienter vers une PME où l'on peut être polyvalent pour y mettre à profit tout ce que j'avais appris. J'avais aussi le souhait de devenir enfin directrice commerciale. " N'ayant pas cette opportunité chez Coca-Cola, fin 2004, elle intègre Ecovigne, filiale de Cohesis, près d'Epernay. " J'encadrais les chefs produits viticulture, les commerciaux et les responsables du réseau de magasins. Au départ, travailler dans une PME a été pour moi un choc culturel. J'ai repris en main une équipe dont l'activité n'était pas pilotée, en adaptant ma façon de travailler, c'est-à-dire sans chercher à tout prix la perfection comme par le passé. "

Mais suite à des différences de point de vue avec sa direction, elle quittera l'entreprise au bout de deux ans pour retrouver un grand groupe : Sephora. En tant que directrice régionale, elle manage dix-sept magasins où elle forme les conseillers de vente à la vente et non plus uniquement à servir le client. " Cette expérience me sert beaucoup aujourd'hui pour Cohesis vigne. "

Retour chez Cohesis

Envisageant d'avoir un deuxième enfant, elle abandonne son poste au bout de huit mois en raison de déplacements trop nombreux et crée, en 2008, son entreprise de conseil, formation et coaching en stratégie commerciale et management. Elle intervient, entre autres, chez Cohesis avec qui elle a gardé des contacts. La coop lui demande alors de redonner une vision commerciale à Ecovigne.

En septembre 2010, Cohesis lui propose de mettre en oeuvre ses propositions : Ecovigne devient Cohesis vigne et Karine de Guillebon en prend la tête avec soixante salariés à manager. " Vu le challenge proposé et le côté très attachant de l'entreprise, je n'ai pas hésité longtemps. Ma mission est de générer de la rentabilité. Cela passe par la dynamisation des technico-commerciaux et du réseau de magasins, la reformulation de nos offres commerciales pour les différencier de la concurrence tout en étant en cohérence avec les besoins des viticulteurs. " Les premiers résultats sont déjà visibles. Quant à l'avenir, Karine de Guillebon n'a pas le temps d'y penser. " Je veux d'abord réussir cette mission. "

Chantal Urvoy